Pagayer de la tradition à la modernité.

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Onquata signifie «  qui vient de l’hiver  ». C’est le nom wendat de Lara Siouï et celui qu'elle a donné à son entreprise. Assise sur une bûche près de l’Hôtel Musée des Premières Nations, à Wendake, la jeune femme passionnée de nature me raconte son parcours et la genèse de son projet.

Lara se rend en forêt dès qu’elle le peut avec sa mère. Lors d'un de ces moments partagés ensemble, elles ont décidé de décorer leurs chalets respectifs. Elles ont apporté de vieilles rames qu’elles ont décapées, peintes et vernies. Le résultat est au-delà de leurs attentes, cette décoration représente leur culture. Ça fait maintenant 3 ans que la Huronne-Wendat de 30 ans est propriétaire de son entreprise de rames décorées.

Certaines que d’autres personnes de leur communauté souhaiteront utiliser ces rames modernes pour leurs périples en canot, ou en guise de décoration, elles commencent à en vendre à Wendake. C’est ainsi qu’est née Onquata.

Une mère qui vient tout juste de prendre sa retraite et qui met à profit sa créativité et son sens artistique et une jeune femme dynamique qui a l’entrepreneuriat dans le sang, bref, un duo en parfaite harmonie pour diriger ce projet de fabrication de rames.

N’ayant jamais pu exploiter son côté artistique, la mère de Lara s’épanouit dans la confection de rames et de motifs aux couleurs modernes, qui conservent les traditions wendat. De son côté, Lara se concentre entre autres sur le marketing, le service après-vente, le contact avec les clients, l’administration, la comptabilité, la prise de photos.

Les rames Onquata sont utilisées lors de certains triathlons pour la partie canot.
Les rames Onquata sont utilisées lors de certains triathlons pour la partie canot. 

Dans sa vie de tous les jours, Lara travaille à temps plein chez Revêtement Premium avec son frère et son père. Onquata monopolise donc la majeure partie de ses soirs et ses fins de semaine.

L’entreprise compte présentement un employé qui confectionne des rames. Ce processus peut prendre entre 2 h 30 et 4 h, selon la grosseur.

Parmi ses clients, Simons et Les lofts Charest : « Ça nous fait une belle visibilité », dit-elle. Mais vraiment, la collaboration qui a le plus marqué Lara, c’est lors de la fête nationale en 2019. Son entreprise avait été à l’honneur de cette grande fête en signe de collaboration entre les cultures. De plus, le grand chef de la Nation Huronne-Wendat, Konrad Sioui, est un bon client, il donne les rames Onquata à ses partenaires d’affaires.

« La rame aide à créer des ponts, elle sert à continuer à avancer. »

— Une citation de  Lara Siouï, propriétaire de l’entreprise Onquata

Entrepreneuriat autochtone

Selon Lara, les entreprises autochtones se démarquent par leur différence, leur richesse et les histoires uniques qu’elles ont à raconter. Les Hurons-Wendat ont toujours été reconnus pour leur force en commerce. Lara considère que sa fibre entrepreneuriale lui vient en partie là. Elle fonce, peu importe la situation et les défis rencontrés.

Par contre, elle trouve plus compliqué de gérer la fiscalité étant donné la Loi sur les Indiens, qui en complexifie le processus. Pas facile de trouver des fiscalistes qui s’y connaissent : « Ça me manque, j’ai tellement de questions et peu de réponses ».

Son entreprise l’a amenée à vivre des expériences personnelles qui n’ont pas de prix. Chaque année, Lara et sa mère se rendent sur la rivière Moisie avec un guide de pêche innu reconnu, Réginald Atshapi, pour attraper l’un des meilleurs saumons au monde. En échange, elle lui offre des rames pour ses séjours de pêche.

La personne derrière l’entrepreneur

Lara baigne dans le monde de l’entrepreneuriat depuis toujours. Elle a commencé à travailler pour l’entreprise familiale, Éconobois, à l’âge de 13 ans. Ses parents, ses oncles, ses tantes et ses deux grands-pères sont tous des entrepreneurs.

Après avoir fait ses études en commerce international, Lara est devenue directrice chez Éconobois – Revêtement Premium, une usine de fabrication de bois de qualité. C’est un poste rempli de défis qui lui en apprend tous les jours sur la gestion et sur l’entrepreneuriat.

L’équilibre, essentiel à sa vie, Lara le trouve dans ses escapades en nature. Elle s’accomplit autant dans ses loisirs et dans sa vie sociale que dans son travail. Son secret pour avoir le temps de tout faire : être efficace, ne pas s’en mettre trop sur les épaules et apprendre à déléguer.

L’avenir d’Onquata

Il y a un potentiel énorme en Europe. De nombreuses commandes de la Suisse ont été passées : « Les gens payaient des 150-200 $ de livraison », confie Lara, impressionnée par l’engouement que suscite son produit.

Pour l’instant, Lara a des points de vente au Québec et en Ontario, puis elle livre à l’international. Présentement, Lara ne développe pas comme elle voudrait son entreprise, car elle est trop occupée à produire.

La prochaine étape est de construire un atelier à Wendake pour permettre d’augmenter la production. Lara souhaite que davantage de rames soient offertes sur les marchés canadien et international. Mais la construction de l’atelier a été retardée en raison de la pandémie de COVID-19.

Pour Lara, c’est fondamental de créer des emplois pour les gens de sa communauté. Elle désire transmettre sa passion pour la nature, la créativité et l’artisanat autant à ses employés qu’à ses clients. « Quand nous aurons notre atelier, pourquoi pas faire des ateliers de création avec les jeunes de la communauté pour leur inspirer la création ainsi que le mouvement naturel et traditionnel », lance-t-elle.